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Coaching augmenté avec Omind : gadget ou choix essentiel d’accompagnement systémique ?

L’ICF défini le coaching  « comme une alliance entre le coach et ses clients dans un processus qui suscite chez eux réflexion et créativité afin de maximiser leur potentiel personnel et professionnel… ». Si ensuite la fédération sur son site rappelle certains fondamentaux – cadre, process, objectif – il reste une grande place pour des dérives conscientes ou inconscientes. La confusion des genres est en effet aisée entre coaching, mentoring, formation, psychologie, conseils et ne préserve pas du pire : manque de travail sur soi de la part du coach, illusion de praxis – soit à l’origine chez les Grecs, l’activité de personnes libres – et donc manipulation du coaché. L’arrivée de nouvelles pratiques comme le coaching augmenté ou assisté par la data et l’IA doit nous interroger. C’est sain ! En période olympique on pense à la santé des corps physique et des corps organisations bases de l’esprit de corps. On vous propose donc dans le cogito du mois un réflexion sociétale et un regard systémique sur l’accompagnement Oh so Mindful ¹ !
Le coaching peut faire l’objet de multiples définitions sans qu’aucune ne soit capable de faire mieux qu’effleurer ce qu’est la pratique. Cette discipline est en développement depuis les années 60. À l’origine, il s’agit d’une transposition de l’accompagnement sportif de haut niveau qui lui emprunte son vocable et la recherche de performances ; mais le coaching se nourrit de bien d’autres sources théoriques, certaines ancestrales telles que la maïeutique. La psychanalyse, l’approche systémique, les sciences cognitives, l’analyse transactionnelle, la PNL, la gestaltpsychologie sont parmi les courants qui constituent les nappes phréatiques du champ de l’accompagnement. Chaque coach ira puiser selon les besoins et selon ce qu’il est, constituant ainsi les spécificités de son accompagnement.   
La société d’aujourd’hui est le fruit des passés de l’humanité, des challenges d’aujourd’hui, des visions pour demain, de la diversité humaine et d’une liberté qui – même si elle n’est pas universelle – dépasse de loin ce que les générations précédentes ont pu connaître. Cette liberté, aussi souhaitable soit-elle, est source de pertes de repères. L’humain est un organisme vivant en proie à son environnement et aux systèmes internes qui le régulent. Ceci est confirmé par la prédominance de certains troubles ou maladies physiques comme psychiques selon les périodes de l’histoire. Actuellement, le risque psychosocial qui fait les grands titres est le burn-out et ses variantes bored-out ou brown-out ². Entre l’environnement de travail parfois dénué d’humanité et l’humain qui contribue au système, difficile d’établir une distinction entre causes et conséquences. En parallèle, l’humain est sans cesse en mouvement, jusqu’à son dernier souffle. Finitude – au minimum corporelle – difficile parfois à accepter. 
Le coaching s’inscrit en réponse à une demande de performance, certes, mais il s’y attelle par le biais d’une mise en adéquation de l’individu au sein du collectif ou des individus dans leur collectif. Discipline récente à l’échelle de l’humanité et en évolution permanente, le coaching cherche sa voie, tout comme ceux qui y font appel.
Vertu ou pragmatisme, le développement humain aujourd’hui est au cœur des préoccupations des organisations modernes. Dans un monde professionnel en constante évolution, le coaching est devenu un outil clé pour favoriser l’épanouissement des individus, tout en générant des impacts systémiques positifs au sein des organisations. À travers des théories variées, comme celles de Chris Argyris³ la cybernétique, et le constructivisme, nous comprenons mieux comment ces éléments interagissent. L’émergence de l’intelligence artificielle (IA) et de l’analyse de data appliquées ajoute une nouvelle dimension au coaching, augmentant son efficacité et son adaptabilité. 
Apprentissage simple boucle et double boucle Omind
Apprentissage simple boucle et double boucle (Argyris 1977)
Chris Argyris, avec son concept d’« apprentissage à double boucles », met en lumière la nécessité de remettre en question non seulement les comportements mais aussi les valeurs et les croyances qui les sous-tendent (Argyris, 1977). Une étude menée par l’American Society for Training and Development (ASTD) a révélé que les entreprises qui investissent dans le développement des compétences de leurs employés peuvent augmenter leur productivité de 24% (ASTD, 2014). Cela souligne l’importance d’une approche systémique dans le coaching, où chaque changement individuel peut produire un levier pour l’ensemble de l’organisation.
La cybernétique nous aide à saisir la complexité des interactions au sein des systèmes organiques. Gregory Bateson ⁴ a souligné que le changement dans un élément d’un système peut avoir des répercussions inattendues sur d’autres éléments (Bateson, 1972). Ce principe est pertinent dans le cadre du coaching, où une meilleure communication ou un changement de comportement chez un individu peut influencer positivement la dynamique d’équipe et même la culture organisationnelle. Une étude de McKinsey fait d’ailleurs état de performances de 30% supérieures dans les organisations avec une forte culture de leadership collaboratif versus celles qui n’en ont pas (McKinsey, 2018).  

Les sciences déjà éprouvées et les études sous-tendent que « la voix ou la voie » de la data et de l’IA a sa place en coaching. Reste à chaque coach de manier ce nouvel outil dans sa pratique, son art !

Dernier virage avant de conclure que l’on a matière à continuer à réfléchir ensemble. Le constructivisme – que de termes à explorer ce mois-ci, mais sympa on vous a mit les liens… – apporte aussi sa pierre à l’édifice en rappelant que le réel n’est en fait que « mon » réel. En favorisant un apprentissage actif basé sur l’interaction sociale, le coaching permet aux employés de développer non seulement des compétences techniques mais aussi de travailler vers un réel commun. Une recherche publiée dans le Journal of Workplace Learning a révélé que les employés ayant accès à des programmes de coaching collaboratif sont 36% plus susceptibles de se sentir engagés dans leur travail (Baker, 2020). Cela indique que le coaching peut transformer les employés en agents de changement au sein de l’organisation. 
L’avènement de l’intelligence artificielle apporte au coaching comme dans d’autres domaines ; reste à devenir artisan d’excellence avec ce nouvel outil. L’IA peut analyser des données comportementales et organisationnelles, offrant ainsi des insights précieux sur la dynamique des équipes et des individus. Des outils comme Ignition ou Ascent peuvent révéler des besoins en formation et coaching en fonction des performances passées et des comportements observés, permettant une approche plus personnalisée et efficace d’accompagnement et un suivi a postériori. Une étude menée par Deloitte a montré que l’utilisation de l’IA dans le coaching pourrait augmenter l’efficacité des sessions de 40% en fournissant des suggestions et des ressources spécifiques aux besoins de chaque individu (Deloitte, 2021). Donnée alignée avec notre chiffre du mois. 
Le lien entre le développement humain, le coaching et les impacts systémiques sur les organisations est puissant et interconnecté. En intégrant des approches issues de la théorie organisationnelle et de la cybernétique, et en tirant parti de l’IA, les organisations peuvent maximiser les bénéfices de leurs initiatives de coaching.

Alors, le coaching augmenté Omind, gadget ou essentiel ? Si les datas semblent s’accorder sur des impacts positifs avec l’expansion rendue possible il nous faudra garder un œil sur la double boucle d’apprentissage d’Argyris en constatant les résultats et les écarts avec au centre la performance et le bien-être humain. 

On en reparle au NeuroTalk du 10 septembre !

Auteur : Sabine Kennedy, article fusion Mémoire Master Panthéon- ASSAS En Coaching et Développement du Personnel en Entreprise et requêtes ChatGPT (gain de temps estimé 2 à 4h)

¹ Oh so Mindful! / Oh tellement en pleine conscience ! – petit jeu de mots qui sonnait mieux en anglais, sorry 

² The Stupidity Paradox de l’anthropologue américain David Graeber qui dénonçait le trop-plein de « bullshit jobs » (boulots de merde) en 2013.

³ Chris Argyris: (1923-2013) Théoricien américain, professor emeritus de Yale et Harvard Business School, et auteur – reconnu pour ses théories de l’apprentissage et les relations systémiques comportements et macroéconomie. 

Gregory Bateson (1904-1980) anthropologue, psychologue, épistémologue américain. Champs de recherches : la cybernétique, la théorie des groupes et celle des types logiques, il s’est beaucoup la communication (humaine et animale). Un des fondateurs de l’école de Palo Alto.