Comment les neurosciences peuvent aider vos leaders dans la prise de décision ?
1) Non, la prise de décision n'est pas "rationnelle"!
Il faut avant tout dépasser une notion préconçue héritée de Descartes. Toute prise de décision « rationnelle » n’est pas vraiment rationnelle, mais résulte de l’interaction entre le cognitif et l’émotionnel, qui se combinent et se complètent!
Au niveau cognitif, c’est le CORTEX PREFRONTAL qui nous permet d’évaluer plusieurs options¹. Au niveau émotionnel, ce sont les AMYGDALES, l’INSULA, ou le SYSTEME NERVEUX ENTERIQUE² (notre cerveau dans notre ventre) entre autres, qui envoient des signaux émotionnels, et informent la décision en fonction des expériences passées et du contexte actuel, par exemple.
Dans une vision plus dynamique, le psychologue Daniel Kahneman montre que deux systèmes coexistent pour prendre une décision³ :
- SYSTEME 1 est rapide, automatique et repose sur des biais ou des « raccourcis mentaux » pour prendre des décisions ;
- SYSTEME 2, au contraire est plus lent, plus volontaire et analytique.
Cela a permis de recenser plus de 180 biais cognitifs impliqués dans les décisions économiques et commerciales.
2) Prendre la "bonne" décision: une question d'équilibre
Que nos émotions interviennent pour le meilleur ou pour le pire dans la prise de décision, les chercheurs s’accordent sur une chose : nous devons viser un équilibre entre les signaux émotionnels et l’analyse cognitive⁴. En d’autres mots :
- NI TROP PEU D’EMOTION : Cela signifie que si des lésions sont présentes dans les régions du cerveau impliquées dans le traitement émotionnel, les chercheurs ont montré qu’on ne peut pas évaluer correctement les gains et les risques – même si les capacités cognitives sont intactes.
- NI TROP D’EMOTION : Lorsque nous sommes submergés par l’émotion, notre mode automatique et nos préjugés prennent le dessus sur notre capacité à raisonner. Daniel Kahneman a mis en évidence le biais cognitif de l’aversion pour la perte : les humains ont tendance à considérer une perte plus importante qu’un gain, de l’ordre de 2,5 fois plus. Dans le contexte de la prise de décisions économiques, cela se traduit par une prise de risques moindre par crainte de perdre notre investissement. Cette découverte a valu à Kahneman le prix Nobel d’économie en 2002.
Nous pourrions aussi bien faire face au fait que les décisions majeures, qu’elles soient prises dans la sphère privée ou au travail, sont le résultat de nos émotions et de notre cognition. C’est à nous de trouver la bonne dose dans chaque cas spécifique !
3) Nous avons le pouvoir ! Il faut prendre du recul et devenir conscient de soi
NeuroTip #1 : Cultivez votre position en tant que méta
Houdé dit ⁵–⁶, le cerveau est doté d’un SYSTEME DE CONTRÔLE INHIBITEUR qui aide les individus à surmonter les réponses automatiques et à se concentrer sur l’information pertinente. Ce système de contrôle inhibiteur est particulièrement important pour les processus cognitifs de haut niveau tels que la RESOLUTION DE PROBLEMES ET LA PRISE DE DECISION.
Il est clair qu’en étant plus conscients de nos préjugés et de nos émotions, nous avons le pouvoir de réguler l’équilibre entre les émotions et la cognition dans la prise de décision. C’est même une région du cortex préfrontal qui se développe, comme on peut le voir sur l’imagerie cérébrale !
Lorsqu’il s’agit de prendre une décision importante, prenez une pause de 5 minutes dans vos feuilles de calcul Excel et demandez-vous : qu’est-ce qui me pousse à prendre cette décision? Qu’est-ce que je crains de perdre ?
NeuroTip #2 : Décidez en équipe et adoptez la bonne méthode!
La prise de décision en équipe aide à développer une perspective et à réduire les biais. Du moins si certaines conditions sont respectées.
Les chercheurs ont testé diverses hypothèses sur ce qui rend les décisions d’équipe efficaces⁷, et ils démontrent que les meilleures décisions sont prises si nous MAXIMIZONS LE PARTAGE au sein d’un groupe : partage d’expertise, de retours positifs et négatifs, voire de responsabilités.
Vous avez besoin de décider d’un investissement, d’un changement d’équipe majeur ou du lancement d’une nouvelle gamme de produits ? Suivez les 5 règles d’or de la prise de décision en équipe partagée :
EXPERTISE
Demandez à au moins deux experts de faire l’analyse en parallèle, afin d’obtenir une image plus complète du problème et des solutions possibles.
CHALLENGE
Permettez explicitement à chacun de remettre en question les hypothèses et les préjugés des experts, ce qui réduit le risque d’erreur.
EQUILIBRE
Partagez les responsabilités et la charge de travail afin de réduire la pression sur les décideurs individuels.
POSITIVITE
Engagez tout le monde à fournir un soutien émotionnel et des commentaires positifs, améliorer le moral et la motivation du groupe et réduire le risque de pensée collective.
FEEDBACK
Examinez rapidement le processus décisionnel pour améliorer le rendement global de l’équipe.
NeuroTip #3 : Manifestez vos talents à travers des jeux et la neuroscience
Expérimentez et entraînez votre conscience de soi, vos émotions et votre cognition avec nos programmes Omind Neurotechnologies.
BONUS : PRISE DE DECISION "ETHIQUE" ET "AVISEE"
Un bon exemple vient du neurobiologiste Francisco Varela⁸ qui, dans son livre Quel savoir pour quelle éthique ? explique que le bon niveau pour prendre des décisions « avisées » serait au point d’équilibre entre une APPROCHE RATIONNELLE ET REFLECHIE (système 2) et une PRISE DE DÉCISION AUTOMATIQUE, INTUITIVE ET PERSONNALISÉE (système 1).
Ce point d’équilibre serait légèrement décalé vers le système 1, ce qui permettrait de prendre des décisions rapidement sans trop d’énergie, mais ne serait pas trop biaisé.
Varela donne l’exemple d’un joueur d’échecs qui joue sans être « conscient » de tous les mécanismes impliqués dans l’identification du meilleur mouvement à faire. Mais après avoir joué, il est capable d’expliquer rationnellement pourquoi il a fait ce mouvement particulier.