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Si vous vous reconnaissez dans 3 ou plus des affirmations suivantes, je vous conseille fortement de lire cet article :
- Vous avez loupé la date d’inscription sur les listes électorales
- Vous vous retrouvez en rade de papier toilette car les rayons ont été vidés pendant que vous vous répétiez “non mais j’ai le temps avant que le virus arrive, j’irai la semaine prochaine”
- Vous attendez le dernier jour possible pour aller vous faire rembourser ou échanger un achat
- Vous avez plein de films d’auteurs dans votre liste de films Netflix, et pourtant chaque dimanche soir vous optez pour la comédie nouvellement ajoutée
- Vous attendez le dernier moment pour acheter les cadeaux de Noël
La procrastination a mauvaise presse dans notre société et on vous blâme régulièrement pour celle-ci. Et pourtant, elle peut être un atout. Pourquoi nous avons autant besoin dans une équipe de gens qui précrastinent (qui anticipent) et de gens qui procrastinent ?
LA PROCRASTINATION COMME FACTEUR DE CRÉATIVITÉ ET D’INNOVATION
Certes, si vous voulez être productif, la procrastination n’est pas votre meilleur atout. Mais si vous voulez innover et être créatif, alors la procrastination est votre meilleur atout.
Une étude menée à l’Université du Wisconsin par la professeure Jihae Shin, consistait à demander aux participants de générer de nouvelles idées business. L’expérience était composée de deux groupes : le premier devait commencer l’exercice tout de suite, dès son annonce, tandis que le second avait 5 minutes pour faire des jeux de sociétés. Tous ont ensuite soumis leurs idées à des évaluateurs indépendants qui devaient noter leur originalité. Les idées du groupe ayant procrastiné étaient 28% plus créatives.
Pourquoi ? Parce que la procrastination favorise la pensée divergente (=qui sort de l’ordinaire). Le fait de procrastiner vous donne du temps pour considérer un problème et toutes les idées originales possibles pour le résoudre, plutôt que de rester bloquer sur une seule et même idée. Vous avez le temps de penser de façon non conventionnelle, de prendre de nouveaux chemins.
Mais attention ! Tout est une question de timing !
Des scientifiques et ingénieurs de la NASA ont mis en exergue le fait que durant un certain laps de temps, la performance augmente à mesure que les délais se raccourcissent. L’anxiété générée par la procrastination est suffisamment faible pour être gérée correctement, mais suffisamment élevée pour créer ce boost permettant de favoriser la créativité et la performance.
Par contre, dès lors que ces délais deviennent trop justes, la performance décline car le stress devient trop important pour avoir un impact positif et nous rendre réellement productifs.
Tournez votre procrastination en votre faveur et rendez-la productive en identifiant votre turning point entre une procrastination efficace et une procrastination qui vous handicape. De plus, si vous êtes du genre à procrastiner sur une tâche à rendre, lisez toutes les infos possibles en amont avec l’objectif à réaliser en tête. Puis, laissez passer les jours car même si vous ne travaillez pas activement sur le projet, les informations tournent dans votre tête et des idées se créent.
Malgré cela, il est nécessaire d’avoir des précrastinateurs et des procrastinateurs au sein de son équipe car il est très difficile d’apprendre à moins procrastiner ou d’apprendre à plus procrastiner. En effet, cela est lié à un système particulier au sein du cortex cérébral.
LA NEUROTOUCH
Quelles différences cérébrales existent entre les gens qui procrastinent et ce qui arrivent à accomplir les tâches désagréables immédiatement ? Quatre dynamiques sont à noter :
1/ Certaines régions des procrastinateurs sont plus actives que la moyenne, à l’image du gyrus parahippocampal et du cortex préfrontal ventromédian (voir image ci-dessous pour visualiser dans le cortex). Dès qu’une tâche désagréable doit être effectuée, ces régions commencent à s’activer et nous font divaguer.
2/ De plus, le cortex préfrontal dorsolatéral, responsable de réduire l’activité de ces deux régions pour sortir du vagabondage mental afin de rester concentré, est moins actif. A l’inverse, chez les personnes capables de se mettre au travail à l’avance, l’activité du cortex préfrontal dorsolatéral est important et vient bloquer l’activité des deux régions.
3/ De plus, lorsque le cerveau se met à vagabonder, il devient sensible aux influences de l’amygdale. L’amygdale nous aide entre autres à attribuer une valeur négative aux choses qui nous entourent. Lors d’une étude sur 264 sujets, ceux étant procrastinateurs avaient une amygdale beaucoup plus activée que les autres et étaient donc plus enclins à ressentir des émotions négatives face à une action qu’ils ne veulent pas faire.
4/ Et pour finir, les sujets procrastinateurs ont une connexion moins solide entre l’amygdale et le cortex cingulaire antérieur dorsal. Cette connexion contribue au choix de faire ou de ne pas faire une action.. Plus cette connexion est faible, moins un individu pourra totalement contrôler ses actions, et sera donc plus sensible aux réactions spontanées. Et comme la réaction spontanée de l’humain est de minimiser son désagrément et inconfort, le procrastinateur est enfermé dans l’instant présent, dans la recherche de plaisir immédiat et va donc repousser la tâche désagréable à plus tard.
Nous vous invitons donc à procrastiner stratégiquement pour ne pas tomber dans le piège que vous tend votre amygdale et ainsi être plus innovant et découvrir des solutions plus créatives à vos problématiques.
Auteur : Anaïs Roux